Source : Texte : Jeanne Lecourt, Okana Pearl consulting - Photos : © DR
Blanches, Noires, Gold, Crèmes, Colorées mais aussi, Naturelles, Cultivées, Eau douce, Eau de Mer, Mers du Sud, Bassorah, Tahitienne, Fidjienne, de Cortez, Akoya... Combien de noms pour identifier des Perles différentes ? Combien de critères pour les expertiser ? Comment évaluer le meilleur rapport qualité-prix ?
De nos jours, l’industrie perlière représente environ 5% du marché mondial de la bijouterie et prend des parts.
Environ 60% du volume de ces perles est réalisé par des perles d'eau douce (freshwater pearls). Alors que 80% du chiffre d’affaire est assuré par les perles de culture océanes (Saltwater pearls). Les principales étant les Akoya et celles des Mers du Sud (Blanches, Gold, Noires ou Tahitiennes). A cela s’ajoute depuis 10 ans, de nouveaux lieux de productions...
C’est dans ce contexte que les acteurs majeurs de cette industrie tentent de promouvoir leur propre marché auprès des acheteurs étrangers.
L’une des bases de cette stratégie commerciale et marketing est la mise en place d’une classification facilitant l’expertise et la commercialisation de ses propres perles... En effet, contrairement aux pierres précieuses, le secteur perlier ne propose pas de cours mondial des perles, d’un « rapport* » officiellement reconnu par les laboratoires gemmologiques et les établissements financiers... * représente la liste de prix des diamants taillés. Les grossistes l’utilisent pour être au courant des changements de prix du diamant. Mise à jour chaque vendredi.
Ainsi, à ce jour il existe 4 classifications perlières reconnues mondialement :
La classification du GIA (Gemmological Institute of America) (cf. encadré ci-contre)
La classification de la société Mikimoto
La classification du GIA
Depuis environ 60 ans cet Institut gemmologique délivre des certificats d’expertise des gemmes. Leur professionnalisme étant reconnu mondialement, un grand nombre d’autres laboratoires utilisent leur classification pour l’évaluation des perles. C’est égale- ment le cas des producteurs de perles blanches austra- liennes et de perles Gold des Philippines.
Dans un souci d’efficacité et de compréhension des critères d’expertise, le GIA a élaboré sa classification perlière selon « The Seven Value Factors », les 7 coefficients de valeurs et a réalisé une brochure explicative pour assister les bijoutiers auprès de leur client : 1 • LA TAILLE : se détermine en millimètre.
Elle est arrondie au 0.5 mm près. Elle se mesure sur le diamètre des perles sphériques et sur la longueur et la largeur des autres formes de Perles.
2 • LA FORME : il existe 3 catégories :
Sphérique / Symétrique / Baroque. La présence de cercles peut faire varier les formes.
3 • LA COULEUR : elle s’apprécie selon trois facteurs.
La couleur dominante sur toute la surface de la perle. Une couleur secondaire, celle-ci est caractérisée par une nuance subtile translucide qui recouvre la couleur dominante.
L’orient qui est l’iridescence de la perle due à la décomposition de la lumière à travers les cristaux d’aragonite. Toutes les perles ne présentent pas ces trois caractéristiques.
4 • LA LUSTRE : La décomposition de la lumière sur la surface de la perle
5 • LA QUALITÉ DE SURFACE : la plupart des perles affichent des irrégularités de surface.
Cette surface est estimée selon la taille, le nombre, les emplacements, la visibilité et les types d’imperfections. Certaines de ces imperfections affectent l’apparence globale et la longévité des perles. Très peu de perles ont une qualité de surface parfaite.
6 • LA QUALITÉ DE LA NACRE : cette qualité dépend de 2 éléments qui sont l’épaisseur de la nacre autour du nucleus et la superposition des couches de nacre.
Si le nucleus est visible, la nacre est trop fine. Egalement, une apparence pâle ou blême de la perle peut être dû à une nacre trop fine et des superpositions appauvris.
7 • L’APPARAIGE : celui-ci décrit l’uniformité des perles sur un bijou.
Aussi n’est-il pas appliqué à une seule perle. Ce n’est pas vraiment un facteur de qualité, mais selon les 6 autres critères, il peut avoir un impact sur la valeur du bijou. Il concerne surtout l’harmonie et l’uniformité des perles que compose un collier.
La classification de la perle de culture Tahiti
La classification Polynésienne
En Polynésie Française, lieu de production de la perle de culture de Tahiti, le gouvernement Polynésien a adopté la loi du pays n° 2017-16 du 18 juillet 2017 réglementant les activités professionnelles liées à la production et la commercialisation des produits perliers et nacriers. En son arrêté n°1258CM du 31 juillet 2017, il y est défini les critères de classification de la perle de culture de Tahiti issue de l’huître perlière Pinctada margaritifera variété cumingii.
Ainsi, les critères généraux officiellement reconnus pour la classification de cette gemme sont :
1 • LA TAILLE : elle se mesure par le diamètre de la perle en millimètre, arrondi à l’unité inférieure.
2 • LE POIDS : il doit être exprimé en gramme.
3 • LES FORMES : celles-ci sont réparties selon 3 catégories : a. Les formes classiques sphériques symétriques : ronde (R) et semi-ronde (SR). b. Les formes classiques symétriques : goutte/poire (DR), ovale (OV), bouton (BT)et semi-baroque (SB). c. La forme classique asymétrique : baroque (BA)
4 • LA QUALITÉ DE LA SURFACE : elle s’apprécie à l’œil nu selon la combinaison de 2 critères physiques : l’état de la surface et le lustre :
a. L’état de surface s’évalue selon l’aspect global de la surface de la perle plus ou moins lisse ou présentant possiblement des imperfections telles que : des cercles, des piqûres, des rayures, des fissures, des creux, des bourrelets, des sillons, des bosses, des soufflures, des dépôts organiques, des dépôts de calcite ou des zones de dévitalisation. b. Le lustre correspond à la réflexion plus ou moins parfaite de la lumière sur la surface de la perle. Il dépend de la régularité et de l’agencement des couches nacrées. Un lustre excellent correspond à une réflexion totale de la lumière, donnant un effet miroir. Une perle sans lustre correspond à un aspect mat o u terne de sa surface.
La qualité de surface est définie par la classification suivante : ° CATÉGORIE PARFAITE (TOP GEM) : perle sans imperfection avec un excellent lustre;
° CATÉGORIE A : perle présentant quelques imperfections légères concentrées avec un très bon lustre au minimum ;
° CATÉGORIE B : perle présentant des imperfections légères en plus grande quantité mais ayant une surface propre importante et un bon lustre au minimum ;
° CATÉGORIE C : perle présentant des imperfections légères et profondes bien évidentes mais ayant une surface relativement propreet un lustre moyen au minimum ;
° CATÉGORIE D : perle présentant des imperfections légères et profondes sur une surface importante avec un lustre faible au minimum ;
° CATÉGORIE E : perle n’entrant pas dans les catégories énumérées ci-dessus. Cet arrêté définit également une liste de critères additionnels qui peuvent être retenus pour mieux évaluer une perle de culture de Tahiti. Ces critères sont :
° LA COULEUR : la couleur dominante de la perle doit être la plus homogène possible.
En général, la perle possède une ou plusieurs couleurs secondaires.
° L’ASSORTIMENT ou l’appairage des perles peuvent être homogènes par la couleur, le lustre, la forme, la qualité de surface et la taille.
° L’ÉPAISSEUR de la couche de nacre autour du nucléus est un critère complémentaire de la qualité. Elle se mesure en millimètre.
Cette classification officielle est utilisée pour les ventes aux enchères organisées sur l’île de Tahiti ainsi que pour toutes transactions commerciales relatives à la perle de culture de Tahiti exclusivement.
Il semblerait que pour les prochaines années, le défi pour l’industrie perlière mondiale est de présenter un cadre réglementé aux nouveaux acteurs, de les aider à développer une production de qualité pour assurer la confiance des acheteurs et de mettre en œuvre un nouveau concept tel que la notion de « développement durable ».
Ce concept de « Sustainable Pearl » sous-entend qu’une perle de grande qualité ne saurait être produite autrement qu’en intégrant le concept de développement durable.